Je reprends aujourd'hui une tribune de Guy Mamou-Mani qui me
parait fort à propos!
Dans une précédente « tribune » de l’Opinion, il faisait
observer que l’avenir de notre pays et de ses entreprises, notre propre avenir,
dépendait pour une très large part des réponses que nous apporterions
collectivement aux enjeux de la transformation numérique qui concerne aussi
bien l’administration centrale que les collectivités locales, les entreprises
que les individus.
La Révolution Digitale s'installe partout sournoisement!
Même si nous n’en sommes pas toujours conscients, notre vie
quotidienne dans ses différentes composantes tout comme d’ailleurs ses
représentations, à commencer par celle de l’âge avec la “silver économie”, est
en passe à l’aune du numérique de changer radicalement. Son avènement embarque
une révolution complète de la connaissance qui entraîne avec elle toutes les
autres disciplines tant son potentiel est contagieux.
C’est un phénomène général qui est en train de gagner toute
la société et prospère au rythme d’innovations qui ne sont pas
qu’incrémentales. Les particuliers en sont les premiers bénéficiaires, qu’ils
soient consommateurs ou citoyens. Nous le verrons s’agissant de nos rapports
avec l’administration (Etat-offreur de solutions, généralisation de la
dématérialisation des actes administratifs, accès libre aux données publiques)
dans un prochain billet.
Au secours nous sommes en retard!
Paradoxalement, nos entreprises, pourtant aussi conscientes
de l’importance du numérique que leurs homologues des 28 pays de l’union
européenne qui accélèrent leur transformation numérique, donnent l’impression
de marquer le pas: “en France, alors que les usages numériques sont largement
répandus chez les consommateurs, ils tardent à s’imposer dans les entreprises”.
Quelques chiffres:
75% des entreprises européennes possèdent un site web contre
65% des françaises,
30% des entreprises utilisent un média social contre 19% en
France.
C’est le constat accablant que dresse le cabinet McKinsey
dans son étude 2014 sur la mutation numérique des entreprises[1] que corrobore
Philippe Lemoine dans le Rapport sur “la transformation numérique de l’économie
française” [2]qu’il a remis en fin d’année dernière au Gouvernement.
Ce retard, qui prive notre pays d’un gisement considérable
de croissance et de compétitivité, m’interroge d’autant plus que la
responsabilité en incombe, pour une part du moins, à des dirigeants qui
manquent encore visiblement de motivation - pour ne pas dire d’implication
- pour épouser leur temps et
entreprendre la “métamorphose numérique” de leur entreprise.
Ils sont pourtant mieux placés que quiconque pour discerner
le parti qu’ils pourraient tirer du potentiel de valeur attaché au numérique
qui modifie les processus métiers, casse les organisations en silos, instaure
des démarches de transversalité porteuses de nouveaux équilibres dans la
gouvernance, eux-mêmes source de nouvelles modalités d’engagement.
Pourtant le gisement est là!
Si les entreprises, jouaient pleinement le jeu en acceptant
de bouleverser les habitudes et les usages qui ont cours dans l’économie
matérielle, la France collerait davantage au nouveau monde dans lequel nous
sommes entrés et pourrait accroître la part du numérique dans son PIB de 100
Md€ par an selon les estimations McKinsey.
Il est donc urgent de corriger le tir et de sonner l’heure
de la mobilisation générale, sauf à se résoudre au déclin de notre pays, à la
disparition les uns après les autres de ses fleurons industriels faute d’avoir
su réinventer à temps leurs business models, et à nous voir rétrograder pour la
nième fois dans le classement des grandes puissances économiques mondiales.
Une association pour nous sortir de là!
C’est tout le sens de l’initiative prise par le Président de
la République en confiant à des acteurs économiques (dont le SYNTEC Numérique),
la création d’une association dédiée à l’Industrie du futur.
Parmi les propositions concrètes de l’association, figurent
3 actions emblématiques :
la création et la promotion - d’ici fin 2016 - de plus de 15
projets de dimension nationale voire européenne,
la sensibilisation de plus de 15000 entreprises à la
transformation numérique et l’accompagnement
de 2000 PME ou ETI industrielles dans leur projet de modernisation,
le déploiement de plates-formes technologiques accessibles
aux industriels sur l’ensemble du territoire français.
Cette initiative qui prolonge et amplifie les actions
conduites dans le cadre du plan Nouvelle France industrielle pourrait
avantageusement être déclinée dans d’autres secteurs d’excellence qui n’ont pas encore exploité toute la
richesse que le numérique met pourtant à leur portée. Par exemple la santé et
le médico-social: les énergies des acteurs du numérique dans ces deux domaines
gagneraient à être fédérées comme le montre le
livre blanc “la révolution du Bien vieillir” que SYNTEC Numérique va
publier prochainement.
En synthèse.
Guy MAMOU-MANI a la conviction que c’est en favorisant
systématiquement le basculement de la technologie vers l’usage et en les
adossant sur un environnement de type click-and-mortar plus propice à leur
développement que les entreprises, qu’elles soient traditionnelles ou pure
players, rencontreront leur marché et feront mentir Henri Verdier, chief data
officer (CDO) de la France, qui pouvait encore observer mi 2012 dans son
Plaidoyer pour une néo-industrialisation
qu’il n’y a aucun produit français parmi les 25 produits les plus vendus
en France!
Pour ma part, je pense que le jour ou les entreprises
penseront plus à s'adapter aux préoccupations de leurs clients qu'aux
contraintes de production, elles trouveront peut-être qu'elles doivent renoncer
à un certain confort de continuité pour aller chercher des relais de croissance
dans des modes opératoires inconnus et inconfortables mais qui se trouvent là
ou leurs nouveaux clients les attendent. Ils n'attendront pas longtemps surtout
s'il devient de plus en plus facile de trouver leur contentement ailleurs même
loin de chez nous. Le prix n'est plus la valeur principale, mais la simplicité
est en train de le remplacer. A nous de jouer!